Accepter ou refuser les bébés en couches lavables dans mon milieu d’accueil ?

De plus en plus de familles optent pour les couches lavables.  En tant que professionnelle de l’accueil de la petite enfance, vous avez ou allez immanquablement en compter parmi vos clients. Et très probablement, ces familles espèrent que vous allez accepter d’utiliser leurs couches plutôt que des couches jetables. 

 

En théorie, c’est très avantageux pour le milieu d’accueil : ce sont les parents qui assurent l’investissement et le nettoyage, tandis que vous, vous utilisez les couches prêtes à l’emploi, vous allégez vos poubelles et faites diminuer la facture pour le ramassage des déchets. 

 

Dans la pratique : ça dépend ! C’est un peu comme la roulette russe, on n’est pas certain que ça se passe bien. Une accueillante m’expliquait encore hier : “deux familles apportent leurs couches chez moi, l’une c’est nickel et l’autre c’est l’horreur !” Le but de cet article, c’est justement d’amener des propositions concrètes pour qu’accepter les couches lavables dans votre milieu d’accueil soit vraiment une bonne idée plutôt qu’un piège à c*ns.

Osons le dire franchement…

Si vous voyez les couches lavables d’un mauvais œil… Je vous comprends ! J’imagine que vous avez déjà testé par vous-mêmes et peut-être que ça s’est mal passé. Ou bien, vous n’avez pas testé mais vos collègues vous ont raconté des histoires horribles. Parce que les histoires de couches lavables, c’est comme avec les potins : on colporte toujours les épisodes dramatiques, pas les histoires heureuses où, justement, “il n’y a rien à raconter”.

 

Ce que vous devez absolument savoir, c’est que ce n’est pas du tout une fatalité. La majorité des expériences avec les couches lavables sont positives. Et si elles sont négatives, il y a sûrement des solutions pour transformer ça en happy end. La preuve: si certains milieux d’accueil ont même fait le choix de s’équiper et de fonctionner à 100% en couches lavables, c’est parce que ça se passe bien ;-)

… La vérité sur les couches lavables

En fait, une couche lavable a des défauts mais elle a surtout des qualités. Un peu comme nous tous, non ?! 

 

Les deux défauts majeurs d’une couche lavable, c’est : 

  • qu’il faut la laver (mais ça, les parents s’en chargent) 
  • et qu’elle est plus volumineuse qu’une couche jetable (j’en reparlerai plus loin). 

Les vraies qualités d’une couche lavable, c’est qu’elle est :

  • efficace, 
  • hygiénique 
  • et confortable
  • sans parler de ses super pouvoirs pour alléger le budget couche ou mettre la poubelle au régime 

Oui, vous m’avez bien lue. Normalement, une couche lavable doit :

  • tenir 3h sans fuite, 
  • ne pas sentir mauvais, 
  • ne pas causer de rougeurs 
  • ni entraver la motricité.

Mais, il y a un mais ! Pour que ce scénario idyllique soit possible, il faut réunir 3 conditions essentielles : 

  • une couche bien adaptée à la morphologie et aux besoins de bébé
  • entretenue correctement
  • installée correctement sur bébé.

Et la vérité, c’est que ce n’est pas toujours simple de réunir ces 3 conditions, même si les parents sont plutôt de bonne volonté et cherchent à faire au mieux pour leurs enfants. Ceci s’explique par un gros paquet de raisons : 

  • il existe pléthore de couches sur le marché et on ne sait pas toujours laquelle choisir
  • parmi les couches existantes, certaines sont de qualité moyenne voire médiocre
  • on croit à tort qu’avec les couches lavables c’est “normal” ou inévitable” d’avoir des tâches/fuites/odeurs/rougeurs/etc.
  • on ignore que le lavage est un peu plus technique que celui d’un simple t-shirt… 
  • et quand on veut se renseigner sur l’entretien des couches lavables, on trouve 36 théories différentes (mais pas toujours efficaces) 
  • on n’a pas toujours le tour de main pour l’installer de la meilleure manière.

3 conseils d’amis

Si vous avez envie d’accepter les couches lavables apportées par les familles sans avoir à le regretter, c’est à vous de jouer. Vous pouvez prendre la main et créer un cadre sécurisant où les couches lavables sont vos alliées plutôt que vos ennemies.

 

D’abord commencez par vous former. Pas besoin de faire une licence en couches lavables. Juste, assurez-vous d’avoir les bonnes informations sur le sujet. Comme ça, vous saurez détecter quand quelque chose est problématique et mieux encore, vous serez en mesure d’aborder le sujet avec les parents. Concrètement, vous avez plusieurs options, gratuites ou très bon marché : 

  • lire le flash accueil de l’ONE sur le thème des couches lavables est un bon début : vous aurez la position de l’ONE et les témoignages d’autres professionnelles mais pas encore beaucoup d’infos sur les couches elles-mêmes.
  • vous inscrire à la formation du catalogue de formation continue de l’ONE (la version 2021-2022 est ici et ça devrait être reconduit pour 2022-23) : une journée axée pratique, avec beaucoup d’échanges entre professionnelles, pour comprendre d’où viennent les soucis éventuels avec une couche et savoir que conseiller aux parents pour les régler
  • vous inscrire au parcours de sensibilisation proposé par Intradel : des vidéos et une brochure, validée par l’ONE
  • participer à un atelier de découverte des couches lavables, organisé par Tranquille Basile ou une collègue du Réseau Couches Lavables : ils sont plutôt destiné aux familles mais vous aurez quand même toutes les infos utiles et l’occasion de poser vos questions
  • postuler avant le 27/05/22 à l’appel à candidature d’Intradel pour bénéficier d’une formation personnalisée et d’un test dans votre milieu d’accueil.

Ensuite, faites un test avec chaque famille qui souhaite vous amener ses couches. Cela vous évitera de signer un chèque en blanc ! 

 

Et enfin, posez un cadre. Il ne s’agit pas d’accepter n’importe quelles couches n’importe comment. Fixez vos règles et conditions, de commun accord avec les parents. Le tout noté dans une convention. Il y a un modèle à votre disposition dans le flash accueil sur les couches lavables.

Les couches lavables, ce que ça change

Rendues ici, on peut se mettre d’accord sur ceci : ce que moi (et bon nombre de parents) vous invitons à considérer, c’est l’idée qu’une famille apporte ses couches lavables et que ça se passe bien. Reste alors une question : concrètement, qu’est-ce que ça va changer pour vous au quotidien ? 

 

Un peu plus d’espace ou quelques aménagements

Dans le coin change, il vous faudra stocker les 5-6 couches lavables propres de la journée, au lieu des habituelles jetables. Il est fort probable que les couches lavables requièrent le même espace qu’un paquet de couches jetables. A voir si cet espace est disponible ou s’il faut réfléchir un éventuel aménagement (ajouter un casier ou une petite étagère ? déplacer d’autres éléments stockés ?).

 

En plus de la poubelle habituelle, il vous faudra aussi caser un sac spécifique pour stocker les couches sales. Les parents l’amènent et le reprennent en fin de journée. C’est un sac en PUL, la même matière que les couches, qui est imperméable tout en restant respirant. Dans le jargon des couches, on appelle ça un sac de transport ou un wetbag. Ils existent en différentes tailles, avec des fermetures à cordon, pression ou tirette. La grande majorité sont dotés d’une poignée pour se suspendre facilement à un crochet. Le sac de transport évite les odeurs et permet aux couches et à leur contenu de voyager sans se faire remarquer.

 

Un change quasi identique

Qu’elle soit lavable ou jetable, changer une couche ça reste changer une couche : un moment privilégié avec l’enfant qui vous est confié, où vous dosez de la meilleure manière complicité, sécurité et hygiène.

 

Et donc, il est tout à fait possible qu’il y ait une selle dans la couche. La bonne nouvelle, c’est que les parents qui utilisent les couches lavables utilisent aussi un feuillet en cellulose, positionné entre l’enfant et sa couche. Au lieu d’être en contact avec la selle, on se saisit des coins du feuillet et on le dépose avec son chargement à la poubelle (ne balancez pas le feuillet dans vos wc, ça pourrait causer des bouchons). Ensuite, la couche souillée est pliée en deux et rangée dans le sac de transport.

 

Une couche un peu plus grosse

C’est vrai, une couche lavable est plus volumineuse qu’une couche jetable. Cela se nuance : 

  • certaines couches jetables remplies à raz bord sont énormes
  • certains modèles de couches lavables sont plus fins que d’autres
  • selon l’âge et le gabarit de l’enfant, la couche lavable sera + ou - bien proportionnée.

Cette question de volume est importante pour le confort de l’enfant et pour son développement moteur. Personne ne souhaite à un bébé d’être couché avec les fesses plus hautes que la tête ou d’être entravé dans l’acquisition des précieuses étapes de sa motricité.  Les points auxquels faire attention évoluent avec l’enfant : 

  • attrape-t-il/elle facilement ses pieds ? 
  • est-il/elle gêné/e pour se retourner ? 
  • semble-t-il/elle inconfortable en position assise ? 

Dans la grande majorité des cas, tout se passe bien. Le plus prudent reste de comparer les mouvements de l’enfant avec ou sans couche et d’adapter la couche si besoin (ajuster les réglages, diminuer le volume d'absorption, ...). Sans oublier d’adopter également une tenue adéquate : le jean skinny reste un vrai frein pour bien bouger, quel que soit le modèle de couche.

En conclusion

Vous avez toutes les clés utiles pour faire une place aux couches lavables dans votre milieu d’accueil : 

  • dépasser les a priori, 
  • savoir où trouver de bonnes informations, 
  • prévoir un test et une convention, 
  • envisager de petits aménagements du coin change, 
  • rester vigilant en matière de motricité.

Y a plus qu’à se lancer, non ? Au pire, ça marche ;-)


Envie d'en savoir plus ?

👉Un article sur le même sujet, à destination des familles, pour qu’elles sachent l’intérêt du test et aient quelques conseils pour le préparer

👉Un article plus approfondi sur le thème de la motricité, à paraître cet été

👉Un post Facebook ou Instagram sur la gestion des rougeurs en couches lavables