Lettre à celle qui allait devenir maman

Aujourd’hui mon fils à 5 ans et je repense à sa naissance. Déjà là, sur la table d’accouchement, les dés étaient bien pipés, bordel ! Voici un bout d'histoire perso qui a bel et bien à voir avec l'histoire de beaucoup d’autres mères et avec les couches lavables.

 

Durant ma grossesse, je pensais surtout que je devais me préparer à accoucher et je tenais à le faire sans péridurale. Parce que j’avais envie d’y arriver, d’être capable de gérer la douleur, de faire ce qui était sûrement le mieux pour moi et pour mon bébé. 

 

Cet accouchement s’est très bien passé. Bébé et maman en pleine forme. Aucune complication, ni violence obstétricale. Accompagnement au top. Rencontre avec notre petit absolument magique. Et pourtant, moi, cet accouchement, je l’ai vécu comme un échec. J’avais “foiré” parce que j’avais opté pour la péri. 

 

Cette péridurale n’était pas prévue mais elle a été librement choisie et a joué un rôle très positif dans la naissance. Ça faisait 15 heures que j’enchainais les contractions sans répit.  Epuisée, je perdais pied. Avec la péridurale sont venus la détente et le repos nécessaires pour que le col s’ouvre enfin et que bébé arrive jusqu’à nous. Le juste dosage pour diminuer la douleur tout en gardant les sensations. 

 

Pendant des années, j’ai ressenti amertume et déception. Je me répétais : “quel dommage d’avoir dû y recourir !”, “s’il y a une prochaine fois, j’espère que je saurai mieux m’y prendre !”. Aujourd’hui, j’ai compris que je m’étais accrochée à tellement d’attentes et de principes, que ça m’a empêché de voir et d’apprécier l’essentiel : en fait, cet accouchement était parfait tel qu’il était. 

 

Et je me rends compte que j’ai vécu ma maternité avec les mêmes ingrédients toxiques que mon accouchement : 

  • se mettre la pression parce qu’on aborde les choses sous l’angle de la performance (les cases à cocher pour que ça soit parfait), 
  • vouloir garder le contrôle (sur soi/son bébé/son entourage), 
  • être focus sur une forme d’excellence (ce qu’il y a de mieux) qui ne tolère pas le doute (puisque scientifiquement prouvée). 

 

C’est comme ça que je suis devenue une jeune maman qui avait tout pour être heureuse… et qui était surtout en hyper vigilance constante, anxieuse, contrôlante, pas trop consciente de ses propres souffrances. 

 

Aujourd’hui, je voudrais écrire à la jeune mère que j’allais devenir et lui dire : 

  • lâche la performance : tu es une mère suffisamment bonne, il n’y a pas de case à cocher
  • avant de te rendre dingue pour respecter un principe (pas de péri, pas de tétine, pas de biberon, pas de couche jetable, pas de purée, etc)... prends le temps de l’interroger, de le nuancer, de le mettre en perspective avec ton contexte et tes besoins.

Plusieurs comptes et livres m’ont aidé à changer de regard sur mon vécu et à sortir du duo infernal pression/culpabilisation. En gros, à mettre de la nuance dans une vision fort polarisée de la maternité. A prendre de la hauteur pour voir comme mon vécu de mère toujours en “tension” et en “échec” était fréquent. A comprendre combien ces vécus du quotidien croisent nos enjeux de société et nos choix politiques (spoiler alerte, la maternité, c’est un des plus puissants révélateurs des inégalités de genre). Le tout au travers des femmes qui s’expriment sans renoncer à la rigueur scientifique ni au franc parlé ni à l’humour. Bref, si tu ne les connais pas encore, je te souhaite de prendre un grand bol d’air chez : 

 

Pourquoi parler d’une histoire perso sur un blog de couche lavable ? Pour passer du je au nous. Mon souhait, c’est que chacune de nos voix puisse se faire entendre, pour qu’un maximum de femmes se sentent reconnues, entendues, soutenues, reliées. Et puis, cette histoire perso, elle parle aussi de comment j’aborde mon métier. Oui, je vais continuer d’être la meuf qui kiffe mettre un max de p’tits culs dans le tissu. Mais pas des couches lavables à n’importe quel prix, pas une case à cocher pour que tout soit parfait. Ce qui me guide, c’est de créer un cadre où je te facilite la tâche au maximum et où tu te sens libres de déterminer toi-même si ça te convient ou pas, sans pression. 

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