Apporter mes couches lavables à la crèche ?

Ta famille a adopté les couches lavables ? Les p’tites fesses de bébé kiffent le tissu, la poubelle est à la diète et naturellement, tu aimerais poursuivre cette idylle quand tu vas confier bébé à son accueillante ou à la crèche ? C’est tout à fait possible, mais pas automatique pour autant. 

 

Voici un article avec des pistes concrètes pour que la couche lavable soit l’objet d’un dialogue constructif, plutôt qu’une pomme de discorde ;-)

Ce que prévoit l’ONE

L’office national de l’enfance a publié un dossier sur le thème des couches lavables en milieu d’accueil et il y précise sa position à ce sujet : 

 

“Tout enfant a le droit d’être accueilli dans un milieu d’accueil. Cependant, il revient à ce dernier de décider des modalités d’organisation durant la période d’accueil et en fonction de ses possibilités, de choisir d’utiliser ou non des langes lavables”. 

 

Avant d’en conclure que “si ce n’est pas interdit, c’est que c’est permis” et de partir avec tes couches sous le bras en mode “va-t’en guerre”, il faut que tu saches : 

  • ton interlocuteur n’a pas toujours le pouvoir de décision nécessaire pour traiter ta requête (ce n’est pas une puéricultrice ou une assistante sociale qui décide du règlement des crèches de la commune)
  • tu n’es pas la seule famille de la crèche : ta situation personnelle doit être traitée de manière juste et équitable par rapport aux autres parents… et peut-être qu’on redoute d’accepter tes couches parce que cela impliquerait d’accepter les couches d’autres familles ou d’autres requêtes d’autres familles.

En résumé, ce n’est pas interdit mais c’est ton milieu d’accueil qui décide s’il accepte ou non.

 

Dans certains cas, ça passe comme une lettre à la poste. Ou peut-être même que tu vas rencontrer un milieu d'accueil qui fonctionnent à 100% en couches lavables (ça m'intéresse très fort de savoir lequel pour le recenser : tu peux m'écrire svp ? tranquillebasile [a] gmail . com)

 

Dans d’autres cas, ce sera non d’office et non négociable. Si tu rencontres cette situation, dis-toi surtout que :

  • ce n’est pas une affaire personnelle
  • mieux vaut un bébé en couche jetable entouré de puéricultrices et de parents zens, qu’un bébé qui débarque à tout prix avec ses couches lavables et génère un paquet de crispations dès sa période d’adaptation ;-)
  • tu peux tout à fait fonctionner en mixte jetable/lavable et j'ai rédigé un mode d'emploi pour toi

Et puis, il y a tous ces cas où il y a une porte ouverte au dialogue. Pour ces cas-là, voici 7 conseils :

 

Donner du sens à ta démarche

Quand tu vas aborder le thème des couches lavables, prends le temps de parler de tes motivations. Pas besoin d'entrer dans un prosélytisme sévère ou un speech en mode vibrato donneur de leçon, juste expliquer pourquoi c'est important pour toi d'utiliser des couches lavables : confort et santé de ton enfant, économies, préservation des ressources naturelles, ... 

 

Tu peux aussi estimer le poids de poubelle que tes couches épargneraient au milieu d'accueil : on est bien dans une démarche gagnant-gagnant ;-)

 

Les arguments théoriques sont généralement insuffisants pour convaincre. Mais ils vont donner du sens à ta demande et permettre aux professionnelles de l'accueil de te comprendre.

Se mettre à la place de son interlocuteur et rassurer

Dans ta famille, vous utilisez les couches lavables et vous en êtes satisfaits. Le monde des couches lavables n’est cependant pas toujours rose : des expériences négatives, avec des couches très anciennes ou avec des couches de mauvaise qualité ou mal entretenues, ça arrive encore trop souvent. Ton enjeu principal sera sans doute de rassurer ton interlocuteur.

Alors quand tu abordes le sujet, je t’invite à prendre une couche avec toi. Cela va tout de suite clarifier le sujet. Rendre les choses concrètes est souvent rassurant. Au premier coup d'œil, on pourra se rendre compte de l’état de propreté de la couche. Tout de suite, vous aurez un objet en commun, plutôt que des représentations, parfois bien éloignées de la réalité (tout le monde ne sait pas encore que l’eau a bien coulé sous les ponts depuis l’épingle nourrice). Et avec cet objet, vous aurez matière à discussion, vous pourrez entamer un vrai dialogue… voire terminer par vous extasier en cœur sur des motifs plus canons les uns que les autres ;-)

 

Dans ce dialogue, je t’encourage aussi à utiliser deux documents qui s’adressent spécifiquement aux professionnelles de l’accueil : 

  • le dossier édité par l’ONE dont j’ai déjà parlé : il donne la parole à des professionnelles et aborde les habituels sujets d’inquiétude (motricité, hygiène, …)
  • une brochure éditée par Intradel et relue par l’ONE qui présente plus en détail les couches lavables et leur utilisation : il y a une version "parents" et une version "professionnelles", accessibles aux habitants de bon nombre de communes de la Province de Liège, sur inscription.

Toujours dans l'optique de te mettre à la place de ton interlocuteur, propose un modèle de couche facile et agréable à utiliser. Par exemple, changer une couche classique, c'est nécessairement plus long (installer une couche et une culotte) mais aussi moins agréable (être en contact avec le tissu de la couche qui est mouillé d'urine). Ce sont deux désagréments qui sont épargnés avec les tout-en-un, tout-en-deux ou encore les couches à poche. 

Proposer un test

Des couches qui présentent bien, c’est un bon début mais ce n’est pas suffisant pour rassurer. Il reste encore beaucoup de questions : est-ce que ça va prendre plus de temps à installer sur la table à langer ? Est-ce qu’on aura des fuites ? Est-ce que ça va causer des rougeurs ? Comment on va gérer les selles ?

 

Proposer un test, c’est un moyen pour le milieu d’accueil de se rendre compte dans la pratique et d’ensuite prendre sa décision en connaissance de cause.

Mettre tes couches sur leur 31

A la maison comme à la crèche, le change est un moment privilégié. Il rime avec complicité… mais c’est aussi un moment qui doit rester facile à gérer, avec un maximum d’hygiène, d’ergonomie pour l’adulte et de sécurité pour bébé. Et dans un milieu d’accueil, c’est exacerbé parce qu’il y a bien plus qu’un enfant à changer. Aussi, fais en sorte que les couches lavables soient aussi faciles à utiliser que les jetables

  • mets déjà un feuillet à l’intérieur de chaque couche pour récolter les selles
  • quel que soit ton modèle de couche, prépare-le en mode “tout-en-un”. Autrement dit, si tu as des tout-en-deux ou des classiques, n’ajoute pas la gestion d’une culotte à aérer ou à réutiliser en plus du change. Pour chaque change, il y a une culotte et un absorbant prêts à l’emploi : l’absorbant est déjà déposé ou clipsé dans la couche ou glissé dans la poche; si c’est une couche classique, elle est déjà installée dans une culotte de protection.
  • prévois une absorption au top. Mise sur la qualité et sélectionne des inserts fiables, adaptés aux flux de ton bébé. Si c’est un gros dormeur, propose à la crèche de mettre une couche classique. Peut-être qu’il vaut mieux une mini manipulation en plus sur la table à langer que de devoir laver les draps du lit !

Fournis aussi les accessoires qui vont avec les couches : 

  • une crème de change compatible (les pommades à l’oxyde de zinc comme celle de Tidoo ou l’argile en pâte prête à l’emploi d’Argiletz; pas celle avec de la vaseline comme Dermocrem, Inotyol, etc)
  • un sac de transport au bon format et facile d’utilisation (prévois-en assez pour en fournir un propre chaque jour)

Donner un petit peu de ta personne

Prends le temps de changer bébé une ou deux fois avec la personne qui va tester tes couches lavables. Montre-lui comment tu installes la couche, prends le temps de détailler les gestes ou les vérifications à faire pour s’assurer que le lange est bien ajusté. Et si elle est d’accord, propose aussi à la puéricultrice ou à l’accueillante d’installer une couche sous tes yeux. Comme ça, si besoin, tu peux tout de suite la guider.

 

Même si tu tombes sur une personne expérimentée, ça vaut la peine : on ne met une couche Hamac comme on met une Bamboolik ;-)

Evaluer et s’adapter

Après le premier test, c’est le moment de débriefer et d’entendre les éventuelles demandes du milieu d’accueil. Peut-être que quelques adaptations seront nécessaires ? Par exemple prévoir un change ou deux supplémentaires de “réserve”, accepter de passer en jetable si le siège est fort irrité ou lors d’un épisode de selles liquides, …

Rédiger une convention et continuer à dialoguer

Si le test est concluant, je te recommande chaudement d’utiliser la convention-type proposée par l’ONE. Elle a l’avantage de noter au clair ce que signifie cet accord pour l’utilisation des couches lavables : à quelles conditions, ce qu’il faut prévoir, etc. Un document simple qui servira de référence, en cas de changement de personnel ou si la situation évolue du côté des langes, etc. 

 

Pendant son séjour au sein du milieu d’accueil, ton enfant va grandir et évoluer. Il y aura la diversification, les poussées dentaires, les différentes étapes du développement moteur ou encore l’acquisition de la continence. Autant d’étapes qui, peut-être, amèneront des questions ou des petites adaptations au niveau des couches. Comme pour les autres sujets qui concernent ton enfant : continuez d’en discuter avec l'équipe du milieu d’accueil et travaillez en bonne entente 💚


Envie d'en savoir plus ?

👉 il y a aussi un article sur le même thème, à destination des professionnelles de l'accueil ;-)

👉 les ateliers restent un moment privilégié pour échanger des expériences, trucs et astuces. Ici on trouve les infos sur les ateliers proposés par Tranquille Basile ou par les collègues du Réseau Couches Lavables